Les cyberattaques ont surpris plus d'une entreprise sur cinq

Trois associations représentant la région Bienne et Seeland ont mené un sondage auprès de leurs membres. La cybersécurité préoccupe beaucoup les entreprises. Et le manque de personnel qualifié reste d'actualité.

Les guerres virtuelles s'intensifient avec les conflits. Les cyberattaques
peuvent, dans le pire des cas, bloquer l'entier du système informatique d'une entreprise ou d'une administration, à Bienne et dans le Seeland également. Il suffit de jeter un oeil aux chiffres de l'Office fédéral de la cybersécurité
(OFCS) de la semaine dernière pour le constater. En effet, 1400 annonces de cyberincidents sont ainsi parvenues à la Confédération dans ce court laps de temps, dont 179 hameçonnages, c'est-à-dire l'obtention frauduleuse de données personnelles ou sensibles. 

La thématique préoccupe aussi les firmes de Bienne et du Seeland. Comme le révèle un sondage réalisé auprès de 225 entreprises par la Chambre économique Bienne-Seeland (CEBS), PME Biennoises et l'Union du commerce et de l'industrie du canton de Berne (UCI), présenté à la presse, ce mardi matin. «La conscience de la problématique est accrue au sein des entreprises», explique Joël Pauli, membre du comité de PME Biennoises. Pour près de 85% d'entre elles, la cybersécurité est effectivement importante.

Inquiétudes concernant la digitalisation

Plus de 22% des sociétés régionales sondées ont ainsi déjà subi au moins une cyberattaque en 2023, année de référence pour le sondage. Cela représente tout de même une entreprise sur cinq. «L'obligation d'annonce des incidents
aux autorités compétentes par les entreprises est excellente sur le principe. Or les entrepreneurs ont parfois peur de le faire, puisqu'ils risquent de s'exposer à une méfiance de la part de leur clientèle», souligne Joël Pauli. Les réponses au formulaire proviennent de trois domaines d'activités: l'industrie (21,3%), les services (30,2%) et la construction (22,2%).

Un autre indicateur montre par ailleurs que la menace est prise au sérieux. Un peu plus de 36% des entreprises disposent actuellement d'une cyberassurance. «Elles prennent aussi des mesures, comme l'installation
d'antivirus ou la mise en place de firewall», relève Miriam Stebler, présidente de PME Biennoises. Cet outil de défense est un appareil de sécurité réseau
qui surveille le trafic entrant et sortant. Plus concrètement, il autorise ou bloque les paquets de données en se basant sur un ensemble de règles
sécuritaires. Reste que 5,8% affirment n'avoir pris aucune mesure particulière.

L'authentification à deux facteurs, méthode de sécurité basée sur la gestion des identités et accès qui impose deux formes d'identification (SMS ou notification, par exemple) pour accéder aux ressources et données, figure également en bonne place. Miriam Stebler a évoqué, lors de la présentation publique des résultats, un exemple de mauvaise pratique en matière de protection des données sensibles. Un patron qui regroupe tous les salaires d'une entreprise sur un seul document. Si ce dernier est subtilisé lors
d'une cyberattaque, l'annonce auprès de l'OFCS devrait être immédiate.

Cette attention grandissante pour la problématique ressort aussi au niveau cantonal, notamment dans le baromètre économique des PME de l'UCI,
brièvement présenté à la fin du point presse. «La digitalisation figure en bonne position des préoccupations», observe Jasmin Waldvogel, directrice de la section Bienne, Seeland et Jura bernois.

Selon les chiffres 2024 du baromètre, le manque de personnel qualifié reste toutefois en tête des préoccupations des petites et moyennes entreprises
bernoises, avec plus de 52% des réponses en ce sens. «Le secteur de la construction est tout particulièrement touché dans la région», remarque Miriam Stebler. Ce domaine doit notamment s'appuyer sur des forces
pas toujours suffisamment formées pour leur travail. «Il est primordial de stimuler la formation active dans ces métiers.»

Baisse du chiffre d'affaires 

Le sondage des trois associations confirme l'inquiétude. 37,3% des entreprises interrogées recherchent actuellement des forces vives, et 43% d'entre elles signalent des difficultés de recrutement. «La principale raison de ces défis réside clairement dans le manque de personnel qualifié», souligne Gilbert Hürsch, directeur de la CEBS. En comparaison avec le sondage précédent, la situation reflète toutefois un assouplissement du marché du travail. 

Plus largement, la part des sociétés ayant subi une baisse de leur résultat comptable est passée de 13% à près de 24%. Le premier semestre 2024 n'annonce pas forcément une amélioration. «La tendance se poursuit, puisque près de 20% des entreprises enregistrent un chiffre d'affaires supérieur à celui de 2023, contre plus de 36% l'année dernière», conclut Gilbert Hürsch.

Source : Journal du Jura, Alexandre Wälti